16 avril 2024
À deux reprises, sur le réacteur 1 de la centrale nucléaire de St-Laurent (Centre - Val de Loire), la même erreur a été commise par les équipes d’EDF. Avec pour conséquence de mettre hors-service une partie du système qui surveille l’activité du cœur et empêche les accidents en déclenchant des arrêts automatiques. Les équipes avaient pourtant été briefées par l’exploitant. Dans de telles conditions, l’Autorité de Sûreté Nucléaire s’interroge sur la capacité d’EDF à apprendre de ses erreurs.
Crédit photo : André Paris
C’est d’abord arrivé en février 2024. Malgré les consignes, lors d’un essai visant à vérifier le bon fonctionnement du système de protection du réacteur (circuit RPR), un branchement est fait au mauvais moment par les équipes. Plusieurs alarmes se déclenchent en salle des commandes : les capteurs de températures, qui donnent des informations cruciales pour surveiller l’activité du réacteur, sont hors-service. Le réacteur étant alors en fonctionnement, le test est stoppé est remis à plus tard.
Avril 2024, après avoir été informées de l’erreur commise deux mois auparavant lors du même essai, EDF relance le test du système RPR. Celui-ci servant à détecter les situations anormales et à déclencher les systèmes de secours en cas de problèmes, il est fondamental de vérifier qu’il fonctionne correctement. Mais cette fois encore le test échoue : exactement la même erreur est commise par les opérateurs. Action inappropriée, alarmes en salle de commande et capteurs hors-service. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) annonce qu’elle sera vigilante "à l’analyse des causes humaines et organisationnelles (...) et aux actions prises par l’exploitant".
C’est en effet à se demander dans quelles conditions les équipes ont été briefées pour que exactement la même erreur soit commise. Si EDF ne donne pas les moyens à son personnel de comprendre les consignes et de transmettre correctement les informations, comment s’attendre à ce qu’il n’y ait pas de raté ? Le contrôle obligatoire du bon fonctionnement d’un circuit crucial a échoué deux fois et a été reporté de plusieurs mois.
Indisponibilité de 2 capteurs liés à une chaîne de protection du réacteur lors de la réalisation d’un essai périodique sur l’unité de production n°1
Publié le 16/04/2024
Événement sûreté
Le mercredi 10 avril 2024, l’unité de production n°1 est en fonctionnement. Un essai périodique sur le système d’instrumentation des protections du réacteur est planifié. Lors de cet essai, un appareil de test (dit testeur) doit être branché sur la chaîne de protection de l’installation à contrôler. Avant son branchement, l’intervenant doit valider manuellement la configuration appelée « vérification préalable à l’exécution ». Un briefing est réalisé par les intervenants avec l’équipe de conduite en quart, avant le lancement de l’essai. A 11h21, le testeur est branché de façon prématurée sur la chaîne de protection. Cette situation a pour conséquence de rendre indisponible 2 capteurs liés à la chaîne de protection. Alerté par des alarmes en salle de commandes, l’opérateur prévient immédiatement l’intervenant qui procède sous autorisation à la validation de la configuration sur l’appareil. La chaîne de protection, restée indisponible pendant environ deux minutes, est remise en conformité.
L’indisponibilité de la chaîne de protection n’a eu aucun impact réel sur la sûreté de l’installation, mais constitue un non-respect des spécifications techniques d’exploitation (STE).
Un événement similaire ayant eu lieu le 21 février 2024, sur la même unité de production, la direction de la centrale de Saint-Laurent a décidé de déclarer cet événement comme événement significatif de sûreté au niveau 1 de l’échelle INES qui en compte 8, le 15 avril 2024 à l’Autorité de sûreté nucléaire.
Indisponibilité partielle répétée d’un système de protection du réacteur 1
Publié le 24/04/2024
Centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux Réacteurs de 900 MWe - EDF
Le 15 avril 2024, l’exploitant de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un évènement significatif pour la sûreté relatif à la perte répétée de plusieurs capteurs de température du système de protection (RPR) du réacteur 1.
Le système RPR a pour principales fonctions la détection de situations anormales, l’arrêt automatique du réacteur et le déclenchement des systèmes de sauvegarde appropriés en situation accidentelle. Des essais périodiques permettant de vérifier la disponibilité du système RPR sont effectués à l’aide d’un testeur.
Le 21 février 2024, alors que le réacteur 1 était en production, une action inappropriée réalisée sur un testeur lors d’un essai périodique mené sur le système de protection du réacteur a eu pour conséquence l’apparition de plusieurs alarmes en salle de commande et l’indisponibilité de deux capteurs RPR. Le débranchement du testeur a permis le retour rapide à une situation normale.
L’essai périodique ayant échoué le 21 février 2024, il a été reprogrammé le 10 avril 2024.
Le 10 avril 2024, alors que les intervenants avaient préalablement été informés du problème rencontré le 21 février 2024, l’essai périodique conduit une nouvelle fois à l’apparition d’alarmes et l’indisponibilité de deux capteurs de température de la chaine de protection RPR du réacteur 1. La même action inappropriée sur le testeur en est à l’origine. Une action sur le testeur a alors permis un retour immédiat à une situation normale d’exploitation.
Cet événement n’a pas eu de conséquence sur les installations, les personnes et l’environnement. Toutefois, le caractère répétitif de cet événement affectant la fonction de sûreté maîtrise de la réactivité du réacteur conduit à le classer au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité).
L’ASN sera vigilante quant à l’analyse des causes humaines et organisationnelles ayant entraîné cette anomalie répétée et aux actions prises par l’exploitant afin d’en éviter le renouvellement.
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